lundi 11 juin 2007

Guido Nincheri (1885-1973) / Italien de naissance et Westmountais de réputation

L’église Saint-Léon – qui date de 1901 – est un édifice religieux remarquable de la ville de Westmount, au 4311 du boulevard de Maisonneuve Ouest.
Sa visite est hautement recommandée. On y remarquera en effet de nombreuses œuvres d’art : des fresques, du marbre provenant de France, des mosaïques, des boiseries et des sculptures sur du noyer du Honduras, des bronzes, etc. Et un nouvel orgue, inauguré en 1992.
Depuis 1997, l’église est reconnue par le ministère du Patrimoine canadien comme «Lieu historique national ». L’ensemble est une « curiosité » architecturale.
Dans l’histoire de cette église évoquant une église conventuelle italienne, un nom d’artisan-artiste domine incontestablement tous les autres : celui de Guido Nincheri.

Un homme de la Renaissance…
Italien né en Toscane, le 29 septembre 1885, d’une famille aisée, Guido Nincheri est un artiste qui a conçu des fresques et des vitraux dans la tradition des maîtres de la Renaissance italienne.
Il est grand prix de l’Académie des beaux-arts de Florence et possédait un diplôme d’architecte.
Arrivé à Montréal en 1915, spécialiste des scènes bibliques, il a décoré de nombreuses églises d’immenses fresques, de magnifiques vitraux, d’innombrables autres œuvres d’art.
Parmi ses travaux, citons d’abord ceux réalisés pour l’église Saint-Léon de Westmount. Il a aussi travaillé dans plus d’une centaine d’églises, au Québec, en Ontario, dans les Maritimes, en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Angleterre.
L’église Saint-Léon, d’une capacité de 800 personnes, est l’église francophone de Westmount. En 1928, le curé de la paroisse de Westmount, l’abbé Oscar Gauthier (curé de 1903 à 1951) fait appel à Guido Nincheri et lui confie la totalité du projet d’embellissement intérieur de son église.
Nincheri non seulement dessinera mais réalisera la plus grande partie de l’ornementation. Il dira plus tard que cette église Saint-Léon de Westmount a été l’œuvre la plus importante de sa vie.
Dans l’un des magnifiques vitraux de l’église de Westmount, l’observateur attentif – et averti ! – reconnaîtra différentes personnalités : Monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal ; le roi Georges VI et son épouse. Aussi Louis Saint-Laurent, Premier ministre du Canada, et des paroissiens éminents tels les honorables Pierre-François Casgrain et Ernest Audet-Lapointe.
Il est à remarquer que Guido Nincheri est aussi l’auteur des fresques des plafonds du château de style beaux-arts des frères Dufresne, dans l’est de Montréal, près du Parc olympique (les peintures de femmes aux décolletés généreux avaient été badigeonnées pour ne pas offenser les yeux des étudiants qui s’y installèrent ultérieurement…) ; de l’église Notre-Dame de la Défense, dans la Petite Italie, à Montréal. L’une des fresques représentait Benito Mussolini. Pour avoir peint le Duce, Guido Nincheri fut arrêté par la Gendarmerie royale du Canada et interné durant trois mois et accusé de sympathie avec les fascistes – ce qui était loin d’être le cas.
Il est aussi l’auteur des innombrables vitraux de la cathédrale de Trois-Rivières ; des vitraux de l’église Saint-Viateur, à Outremont.
Nincheri mourut à Providence (Rhode Island), le 1er mars 1973 mais a été inhumé au cimetière de la Côte-des-Neiges, à Montréal.

Un maître…
Guido Nincheri a été un maître de la lignée des grands artistes polyvalents de la Renaissance italienne.
Son œuvre, au Canada, est considérée comme très importante, et Montréal le reconnut comme l’un des bâtisseurs de la ville. Encore maintenant, en parlant de lui, on dit : « le Michel-Ange du Canada ».
Enfin, en 1997, le Canada émit un timbre de 45 cents représentant l’un de ses vitraux de la cathédrale de Vancouver.

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