jeudi 4 octobre 2007

L'Hôtel de ville de Westmount : un château écossais !





L’hôtel de ville de Westmount (4333, rue Sherbrooke Ouest) est un très beau monument public qui s’élève dans un quartier uniquement résidentiel. En suivant la rue Sherbrooke en direction de l’Ouest, après l’avenue Greene, l’artère bifurque un peu vers la gauche, abandonnant l’ancien tracé du chemin amérindien de la Côte Saint-Antoine.
En 1874, la communauté locale s’était constituée en corporation sous le nom de « Village de Notre-Dame-de-Grâce ». En 1879, ce nom était transformé en « Village de Côte-Saint-Antoine ». En 1895, la communauté prenait alors le nom de « Ville de Westmount » changé, en 1908, en « City of Westmount ». Enfin, la désignation officielle en français de « Ville de Westmount » date de 1981.
Westmount est dirigée par un Conseil municipal composé d’un maire et de six conseillers élus qui administrent par l’intermédiaire d’un directeur général, non élu, qui est chargé des affaires courantes.
Dans l’histoire, de manière générale, « L'hôtel de ville » est un édifice dont l'apparition correspond au déclin du pouvoir seigneurial et à l'octroi de privilèges aux municipalités. C'est dans cet édifice, construit avec une certaine ostentation, où siège le gouvernement de la cité. Le beffroi ou la tour symbolise le pouvoir.
L’hôtel de ville de Westmount surgit devant vous, légèrement caché par le monument aux morts dont je parlerai une autre fois. L’hôtel de ville s’intègre parfaitement dans un ensemble dont la hauteur ne dépasse pas la hauteur des immeubles environnant plus anciens.
Tout comme le « Victoria Hall », cet édifice public est remarquable, situé sur un terrain de forme irrégulière.
Les architectes en sont le réputé Robert Findlay (1859-1951) et son fils Frank R. qui avait joint le Cabinet d’architectes de son auguste père en 1913.
Robert Findlay a beaucoup contribué à l’image architecturale de Westmount puisque nous lui devons non seulement ce « nouvel » hôtel de ville, la Bibliothèque publique (1898), mais aussi le premier Victoria Hall (1899), le pavillon du parc Murray (1936), et une trentaine de maisons bourgeoises de la municipalité.
Les travaux commencèrent le 19 juillet 1922 et la pierre d'angle inaugurale se trouve sur la droite de la porte d’entrée principale. Elle se lit « THIS·STONE·WAS·LAID / 14TH OCTOBER·A·D·1922 », et renferme des documents sur la municipalité. Elle fut posée par Son Honneur Peter William McLagan, maire de Westmount de 1919 à 1926.


Les architectes choisirent alors le style Tudor, pour le plus grand bonheur de tous. Robert Findlay se rappela sans doute des châteaux écossais médiévaux de son pays d’origine. Il choisit comme matériau la pierre calcaire grise brute pour l’ensemble de l’édifice, et la pierre calcaire pour les effets décoratifs. L’édifice a été construit par l’entrepreneur général Nicholson Construction Co.
L’hôtel de ville a été conçu pour loger les services municipaux et la salle de réunions du Conseil municipal. Il est constitué d’un édifice d’un seul tenant, avec une tour carrée en son centre. On y trouve donc le sous-sol, le rez-de-chaussée, et les combles.
Cette grosse tour carrée, avec une colonne octogonale à chaque angle, se terminant par autant de pinacles, sert de point central. À chaque extrémité de l’édifice se remarquent des avant-corps. La symétrie est parfaite. Trop parfaite !
Sur la façade côté pelouse de cette tour, au somment crénelé, se trouve une horloge d’environ 2 mètres de diamètre.
L’entrée de l’hôtel de ville se trouve au pied de la tour. Elle est précédée de deux magnifiques lampadaires signés « John Watson & Son of Montreal Ltd. », avec des fleurs de lis et des roses héraldiques. Juste au-dessus de la porte est ciselé « CITY HALL ». Quelques fenêtres, certes, mais petites par rapport aux surfaces totales des murs.
Avant d’entrer dans l’édifice, l’observateur découvrira, comme dans le drapeau de la ville de Montréal, les différents symboles héraldiques des peuples fondateurs : la fleur de lis, pour la France ; la rose, pour l’Angleterre ; le chardon, pour l’Écosse ; et le trèfle, pour l’Irlande. Aussi des feuilles d’érable. Aussi deux masques représentant Jean qui rit et Jean qui pleure.
L’édifice a été restauré en 1965. À l’intérieur, rien ne reste des aménagements d’origine.
Sur la pelouse qui se trouve devant l’Hôtel de ville, The Garden Point, flotte à un grand mât le drapeau de la municipalité qui a retrouvé son autonomie le 1er janvier 2005.
Beau, très beau quartier que celui de l’hôtel de ville. Tout près, se trouvent la magnifique église catholique de langue anglaise, l’église The Ascension of Our Lord, et de l’autre côté l’école élémentaire et secondaire The Selwyn House School, édifice érigé à l’origine pour y installer The Westmount Senior High School.
Vraiment, on se croirait sur le campus d’une des universités de The Ivy League, groupe de huit universités privées du nord-est des États-Unis. Le terme Ivy (« lierre ») faisant référence aux lierres qui poussent sur les murs des bâtiments de ces universités - ce qui symbolise leur ancienneté.
L’hôtel de ville de Westmount, lui aussi recouvert partiellement de lierre, ne se visite pas mais on peut toujours essayer de pousser la lourde porte de bois pour voir la salle du Conseil municipal et ses nombreux portraits des maires successifs qui tapissent les murs.

Westmount compte de nombreux édifices religieux :
· du culte adventiste : l’église Adventiste du Septième jour de Westmount ;
· du culte anglican : l’église St. Matthias, l’église St. Stephen, l’église de l’Avent ;
· du culte baptiste : l’église Baptiste de Westmount ;
· du culte catholique romain : l’église Saint-Léon de Westmount (francophone) et l’église de
L'Ascension de Notre Seigneur (anglophone) ;
· du culte de l’Église unie : l’église Dominion Douglas, l’église St. Andrew, l’église du Parc
Westmount ;
· du culte hébraïque : le temple Emanu-El-Beth Sholom et le temple de la congrégation
Shaar Hashomayim ;
· du culte luthérienne : l’église de la Rédemption ;
· du culte orthodoxe : l’église serbe orthodoxe ;
· du culte presbytérien : l’église Melville ; et
· du culte de la Science chrétienne : l’église First Church de Westmount.

L’un des monuments les plus surprenants de notre ville est l’église Baptiste de Westmount, au 411 de l’avenue Roslyn, juste au coin de la rue Sherbrooke (4657 Ouest).
L’édifice, d’un réalisme élégant, est imposant, avec le sens de la mesure. Il est d’inspiration Renaissance grecque.
L’ensemble se donne des airs ! L’architecte en est Sidney Comber qui, en 1922, avait déjà conçu l’église Baptiste, de l’avenue Bernard Ouest, à Outremont.
L’édifice de la rue Sherbrooke, en forme de cube, au parement de briques sombres, possède, dans sa façade symétrique, une seule grande porte d’entrée à deux battants, surmontée d’un mini-fronton. De la rue Sherbrooke, on accède à cette porte par un escalier en pierre de cinq degrés.
Le sommet du « cube » est souligné de deux ceintures superposées de pierre presque blanche.
La façade comporte plusieurs fenêtres, allongées et très étroites.
Sur chaque côté se retrouvent sept fenêtres très hautes et leur point culminant se termine par un arc en plein cintre où les clés de cintre en pierre sont saillantes. À la partie inférieure de la troisième fenêtre, de chaque côté, se trouve une porte d’entrée en pierre de taille sculptée.
Colonnes et fronton, sur la rue Sherbrooke, sont plaqués sur la façade. Les fûts de ces colonnes sont lisses, d’un diamètre qui va en se rétrécissant vers le sommet, composés de six blocs de même hauteur. Chacune des colonnes reposent sur un petit piédestal et les chapiteaux s’inspirent de l’ordre dorique. Pas de chapiteaux sophistiqués.
Ces quatre colonnes sont surmontées d’un fronton triangulaire au tympan lisse. Les trois corniches (horizontale et convergentes), possédant des moulures et des denticules, reposent sur un entablement de pierre de taille.
Admettons que ce genre d’architecture religieuse est plutôt insolite à Westmount par rapport aux autres édifices religieux qu’on y découvre. Bien sûr, pas de clocher, pas de beffroi. Et un toit plat.
La première pelletée de terre a été levée en 1924. La pelle argentée est pieusement conservée dans une armoire vitrée dans l’un des deux salons à l’entrée de l’église. Cette première pelletée a été faite en présence de l’ancien Premier ministre de Grande-Bretagne (1916-1922), le très honorable David Lloyd George (1863-1945), lui-même un ardent Baptiste.
On remarquera la première pierre d’angle, au niveau de la chaussée, à l’Ouest de l’église : « THE / WESTMOUNT BAPTIST / CHURCH / MCMXXIV » (1924). L’église a été consacrée le 7 octobre 1925.
L’intérieur est une vaste salle parallélépipédique fort bien éclairée, très haute de plafond, avec un balcon en amphithéâtre sur les trois côtés de l’édifice. Le mur du fond de la salle est tapissé d’un grand orgue à tuyaux en état de fonctionnement. Cet orgue, construit par le célèbre facteur québécois Casavant, compte 25 jeux, et a été construit à la mémoire des morts de la Première Guerre mondiale. L’intérieur est plutôt dépouillé, à l’exception de quelques écussons héraldiques accrochés à la base des balcons.
L’église vaut un arrêt, surtout le matin, lorsque les rayons du soleil viennent éclairer de plein fouet les hautes colonnes de pierre, aussi le soir, lorsque le soleil couchant vient projeter des ombres

mercredi 5 septembre 2007

Le "Victoria Hall" s'élève tel un chateau médiéval

Westmount a la particularité d’être une ville « dépaysante ». Aucune ville de l’île de Montréal ne possède un caractère architectural aussi distinct, aussi personnel, aussi « classe » que cette municipalité au passé prestigieux comptant un peu plus de 20 000 âmes se blottissant au pied de « La Petite Montagne », dans quatre kilomètres carrés de territoire.
Westmount est une parcelle de Grande-Bretagne en Amérique du Nord !
La ville se distingue non seulement par ses maisons cossues, ses propriétés châteauesques à tourelles, ses parcs, ses artères bordées d’arbres au volumineux bouquets, mais surtout par la beauté de ses édifices publics.
Parmi eux se trouvent le « Victoria Hall » (au 4626 de la rue Sherbrooke Ouest), l’hôtel de Ville, la Bibliothèque municipale.
Il n’est encore jamais venu à l’esprit de personne de traduire la désignation « Victoria Hall ». En anglais un « hall », dans l’acception qui nous intéresse, est un « édifice consacré aux affaires publiques dans lequel se tiennent des réunions ». C’est bien à cette définition que correspond notre « Victoria Hall ».

Il y eut un premier « Victoria Jubilee Hall »…
Un premier édifice fut érigé par le fameux architecte d’origine écossaise Robert Findley (1859-1951) et inauguré en 1898 dans un style architectural plutôt dépouillé appelé « Queen Ann » par les uns, « Richardson » par les autres. À la vérité, cet édifice n’était pas très beau. C’est ce même architecte qui a conçu l’hôtel de ville actuel, mais cette fois-ci dans le magnifique style Tudor.
L’édifice a été nommé en l’honneur du Jubilé de diamant de la reine du Canada de l’époque, Victoria 1re (1819-1901), reine de Grande-Bretagne et d’Irlande, impératrice des Indes, etc.
L’édifice comptait un auditorium, des ateliers de musique, une grande salle de réunions, une piscine et un gymnase au sous-sol, et… une loge maçonnique. Ultérieurement, une salle de billard et une allée de quilles furent ajoutées. Au fil des années, une école s’installa dans cet édifice, The Sunnyside School pour garçons et filles.
Le « Victoria Hall » était aussi le siège de The Westmount Amateur Athletic Association, et de The Highland Cadet Corps.
En 1918, les samedis soirs étaient très courus par les amateurs de musique, animés par The Westmount Jazz Band.
Un incendie spectaculaire détruisit le « Victoria Hall » en mars 1924.

Il y a l’actuel deuxième « Victoria Hall »…
Un deuxième édifice fut alors dessiné par le bureau d’architectes Hutchinson & Wood. Il fut construit au même emplacement et inauguré en 1925 par l’entrepreneur général Nicholson Construction Co. Cette fois l’édifice est de style Tudor, le même que celui de l’hôtel de ville.
L’édifice de trois étages est remarquable par sa grosse tour carrée sur laquelle se greffent quatre colonnes octogonales qui se terminent par un pinacle.
L’entrée principale, face à la rue Sherbrooke, est majestueuse. Au-dessus de la double porte d’entrée se remarque un imposant oriel avec sa haute fenêtre. On remarquera aussi les contreforts de la façade.
La tour centrale est le centre géométrique de l’édifice symétrique construit en pierre de grès que viennent embellir des pierres de taille.
L’inauguration du nouveau « Victoria Hall » se fit en juin 1925, en présence de Leurs Excellences le douzième gouverneur général du Canada, le général lord Byng, baron de Vimy (créé baron en 1919), accompagné de son épouse, née Marie Evelyne Moreton, qui laissera une autobiographie.
Plus tard, en 1933, un poète westmountais, Charles Benedict, écrira :
Our « People’s Palace » is a garden set,
A realized ideal in stone! Its stands
On Sherbrooke Street, with tower and parapet.
Fulfilling its most critical demands.
On y trouve une salle de concert avec une grande scène, plusieurs salles de réceptions et le « salon de la loge (maçonnique)» avec un balcon qui domine la salle de réceptions.

En 1926, on installa dans la salle de concert un orgue à tuyaux avec un buffet de chaque côté de la scène, de marque Casavant & Frères, de Saint-Hyacinthe. Pour son inauguration, le 11 novembre 1926, on fit appel au célèbre organiste québécois Lynnwood Farnam (1885-1930), une légende dans le monde international de la musique d’orgue.
Au fil des années, la salle de concert du « Victoria Hall » devint un lieu de rencontres et, de 1941 à 1950, les soirées du samedi étaient recherchées par les danseurs : y officiait en effet The Johnny Holmes Orchestra, le plus populaire des orchestres de danse des années 40. De dix musiciens il passa rapidement à vingt. La moyenne des danseurs présents à chaque soirée hebdomadaire était de 800 !
Dans les années 90, la firme d’architectes Fournier, Gersovitz, Moss et Associés fit subir à l’édifice une cure de rajeunissement, avec l’aide d’une équipe d’artisans chevronnés.

Actuellement, le « Victoria Hall » est le Centre communautaire de la ville de Westmount. Y est hébergée la Division des événements communautaires responsable de la gestion du Centre, des salles, de la galerie d’art avoisinante ainsi que de l’organisation des différents événements communautaires. Les salles sont utilisées par le Conseil municipal ainsi que pour les nombreux cours donnés dans divers domaines. Ainsi, depuis ses débuts, la salle de concert du « Victoria Hall » a été le lieu de multiples évènements : cocktails, concerts, dîners, expositions, rencontres sociales, soirées contradictoires, soirées d’information, théâtre.

mardi 12 juin 2007

Soyons fiers des armoiries de Westmount


Dois-je rappeler ici que Westmount est la première municipalité au Canada à avoir reçu des armoiries officielles ?
La demande fut faite en novembre 1944 et c’est six mois plus tard, en mai 1945, qu’elles furent octroyées par le roi d’armes Lord Lyon, à Édimbourg (Écosse) alors qu’à la même période, des villes, comme Montréal, Ottawa et Toronto – pour ne citer que celles-ci – arboraient des armoiries sans aucun statut juridique.
Il se dit que les armoiries ont d’abord été dessinées par l’architecte Percey Knobbes, et qu’elles sont dues à l’imagination du directeur de la ville, P.E. Jarman.

Description
Les armoiries de Westmount peuvent se lisent, dans le jargon des spécialistes :

« Coupé-vouté d’or sur pourpre ; au un chargé d’un demi-soleil d’argent rayonnant de gueules mouvant du chef ; au deux chargé d’une branche de rosier au naturel posée en fasce, feuillée du même, fleurie à ses deux extrémités d’une rose d’argent et, suspendu à son milieu un écusson du même à un corbeau de Saint-Antoine tenant dans son bec un morceau de pain, le tout au naturel.

Au-dessus de l’écu est posée une couronne murale à trois tours au naturel.»

Explication
Le « coupé-vouté » représente la ligne de crête de « la petite montagne », sœur cadette du mont Royal avec, à l’arrière plan, un demi-soleil qui se couche (ou qui se lève ?).

La branche de rosier avec ses deux roses rouges est l’emblème de la Vierge Marie et se rapporte à la « Municipality of Village of Notre-Dame of Grâce» (la Ville de Westmount ayant été incorporée en 1874 sous cette appellation).

Quant à l’écusson suspendu à la branche, il évoque saint Antoine (la Ville de Westmount ayant été incorporée en « Municipality of Village of Cote St. Antoine », en 1879). Saint Antoine (A.D. 250-A.D. 356), nous dit la légende, retiré dans le désert, vivant en ermite, lutta contre les forces du mal et aurait été ravitaillé en pain par des corbeaux.


Rappel
En 1908, la ville a été incorporée sous le nom de « City of Westmount ». Quant à la couronne murale elle symbolise l’autonomie de la ville.
Ces armoiries d’« or » (jaune), de « pourpre » (violet), d’« argent » (blanc), de « gueules » (rouge) et de « sinople » (vert) ne sont-elles pas un jardin planté de fleurs fort colorées ? Ces symboles héraldiques n’évoquent-ils pas de manière « parlante » l’histoire de notre arrondissement ? Ces armoiries ne méritent-elles pas de flotter de nouveau en permanence au sommet des édifices publics de l’arrondissement de Westmount – dont la mairie et Victoria Hall, et de figurer sur tout ce qui appartient publiquement à l’arrondissement ?
Ces armoiries sont les symboles qui représentent notre identité communautaire.
Il est cependant regrettable que la belle devise de ces armoiries soit trop souvent escamotée. En effet sur la banderole des armoiries on peut lire : « Robur Meum Civium Fides », c’est-à-dire : « La foi des citoyens est ma force ».
Westmount n’étant maintenant plus « autonome », peut-être faudrait modifier ou encore retrancher la couronne murale !
Mais qu’importe, pour l’instant, telles quelles apparaissent, soyons fiers de nos armoiries collectives de notre arrondissement de Westmount.
Les armoiries de Westmount ont été enregistrées officiellement auprès de l’Autorité héraldique du Canada, dans le Registre public des armoiries, drapeaux et insignes, vol. IV, p. 90, à la date du 15 février 2001, et publiées dans la Gazette du Canada, le 24 mars 2001.

Charles-Albert Chabeauty (1879-1953), ses toiles marouflées vont un jour disparaître d'un immeuble de Westmount...


Dans un vieil immeuble d’appartements de Westmount, de belles toiles marouflées disparaîtront probablement un jour des murs sur lesquels elles ont été collées il y a de cela presque quatre-vingts ans….

Lorsque l’homme d’affaires R. Smith fit construire l’immeuble d’appartements – alors fort prestigieux –, il demanda à l’artiste Charles-Albert Chabauty de peindre des scènes qui pouvaient s’intégrer dans la cage d’escalier principal de l’édifice, et lui donner un cachet très bourgeois.

Mais qui était Chabauty ?
Charles-Albert Chabauty (1879-1953) est connu au Québec comme décorateur de nombreuses églises. Né en France, il est arrivé à Montréal en 1908, après avoir fait des études aux écoles des beaux-arts de Paris et de Lyon.
Fait étrange, à Montréal, Chabauty a d’abord eu une carrière de chanteur d’opéra ! Puis, il a participé, entre autres, à la décoration du château Dufresne, dans l’est de Montréal, ainsi qu’à celle du chalet de la Montagne.
On lui doit la réalisation de plusieurs tableaux de nos églises montréalaises telle la toile qui orne l'église Sainte-Marguerite-Marie-Alacoque. Aussi les églises Saint-Vincent-Ferrier, rue Jarry, dans le nord de Montréal ; les peintures qui parent le chœur de l'église Saint-Stanislas-Koska, boulevard Saint-Joseph. Il a été qualifié de peintre « minutieux et soigné ». Il a décoré de nombreuses églises de Montréal, d’Ottawa, mais aussi de Nouvelle-Écosse, du Michigan.
Les surfaces à couvrir dans la cage d’escalier de l’immeuble d’appartements de Westmount avaient des formes polygonales assez bizarres, aux dimensions tout aussi bizarres, de plusieurs mètres carrés. L’artiste Québécois s’en est fort bien tiré et le résultat est assez remarquable.


La cage d’escalier compte six toiles :
1) Entre le rez-de-chaussée et le deuxième étage (Il n’y a pas de « premier étage »).
Le paysage est vallonné, avec, en arrière-plan, un profond vallon dans lequel coule une paisible rivière. La vue est prise du somment d’un grand escalier. Ici, sur la droite, un bouquet d’arbres ; et là, dans la partie inférieure gauche, un paon – ne faisant pas la roue. De nombreuses détériorations sont très visibles dans la partie inférieure de la peinture.
2) Entre le deuxième et le troisième étage
Un grand escalier de pierre, d’une vingtaine de marches, aux murs verticaux recouverts de végétation automnale, avec quatre statues. Au premier plan, une pièce d’eau. Là encore, des signes de détérioration sont très visibles dans la partie inférieure de la peinture.
3) Entre le troisième et le quatrième étage
Une construction châteauesque de pierre, avec un péristyle, au toit plat dissimulé par une balustrade. Avec, sur la droite, un bosquet d’arbres et, au premier plan, une pièce d’eau ornée de trois statues.
4) Entre le quatrième et le cinquième étage
Une construction châteauesque de pierre, genre le Petit Trianon de Versailles ou le château Dufresne (dans l’est de Montréal), au toit plat dissimulé par une balustrade avec, de chaque côté, un bouquet d’arbres et, au premier plan, une pièce d’eau.
5) Entre le cinquième et le sixième étage
Sur la droite, une construction de pierre, avec, sur la gauche, un bouquet d’arbres et, au premier plan, un étang.
6) Entre le sixième étage et la terrasse
Une immense falaise, sur la droite, est sommée de fortifications (genre fort de Joux, Jura, en France), avec, au premier plan, un étang et, dans la partie inférieure gauche, une vasque. La toile, tout en hauteur, est très décolorée à cause du puits de lumière situé juste au-dessus… Dommage !
Toutes ces toiles sont signées fort lisiblement : « CA (deux lettres entrelacées) Chabauty ». Bien sûr, il est difficile d’identifier quels sont les lieux géographiques qui servirent d’inspiration à l’artiste. Un visiteur avisé a cru reconnaître les jardins du château de Versailles, mais la preuve reste à faire, et ces toiles sont peut-être de simples compositions comme le témoigne la présence d’un paon sur l’une d’elles.

L’entrée principale
L’entrée principale de l’immeuble possède aussi deux autres toiles signées du même artiste. L’une représente, du pied des rapides du Richelieu, le fort de Chambly, construit en 1711. L’autre, un paysage sans doute inspiré de la région de Chambly, avec au premier plan un cours d’eau.
Les installateurs du système contre l’incendie n’ont pas hésité à percer l’une de ces deux toiles pour laisser passer un… gicleur d’eau !

Quand même regrettable !
Dommage que ces toiles marouflées (« maroufle », qui date du XVIIe siècle, veut dire
« colle forte » ) soient laissées à l’abandon et s’en aillent en petits morceaux, accrochées ici et là par un coin de meuble lors d’un déménagement un peu trop hâtif !
Dommage que les locataires ne se soucient guère de ces toiles qui ne sont peut-être pas de purs chef-d’œuvres mais qui appartiennent néanmoins au patrimoine décoratif de Westmount. Un vandale a même dessiné un x sur l’une des toiles… Un animal laisse toujours ses traces ! Un jour, on y retrouvera des graffitis…, juste pour s’amuser !
Dommage que le propriétaire actuel ne fasse rien pour protéger ces toiles, ne serait-ce que de poser une plaque de matière plastique si facile à installer et d’un coût si minime. Une blessure laissée par un morceau de toile arraché a été repeinturluré avec de la peinture commerciale…

Dommage !
Ces toiles ne sont pas de qualité muséale, m’a affirmé un spécialiste du Musée des beaux-arts de Montréal, mais elles sont des témoignages éloquents de l’œuvre de Charles-Albert Chabauty. Mais cela n’est sans doute pas une raison valable pour les laisser s’effacer !
Ainsi, un jour prochain, disparaîtra peut-être en lambeaux le patrimoine décoratif de ce bel ancien immeuble d’appartements, dans le silence et l’indifférence totale des uns et des autres – mêmes des spécialistes alarmés.
Légalement, aucun règlement municipal, m’assure-t-on à l’hôtel de ville de Westmount, ne protège l’intérieur des immeubles qui tombent sous sa juridiction.
Un jour on constatera peut-être la dégradation totale ou la disparition pure et simple de ces toiles marouflées, et qui sait, peut-être seront-elles un jour badigeonnées au lait de chaux comme ce fut le cas des fresques trop dénudées du château Dufresne, dans l’Est… Et des historiens de l’art en seront tout émus, indignés (peut-être même outrés), peut-être en pleurerons-ils des larmes crocodiles – un peu tardivement.
Il faut agir maintenant. Pas demain. Aux armes citoyens !

Hal-Ross Perrigard (1891-1960), un artiste-peintre connu et reconnu de Westmount - mais oublié !

Il y a peut-être trente-cinq ans, Mme Lucille Pemberton-Smith, propriétaire d’un bel immeuble à appartements, The Richelieu, dans Westmount, me parla avec admiration de l’un de ses anciens locataires qui était un peintre connu et reconnu : Hal-Ross Perrigard (1891-1960).
À cette époque lointaine, je n’ai pas accordé d’importance à ce nom.
Un jour, une toile de lui, accrochée dans le majestueux vestibule d’entrée de l’immeuble, a été volée presque sous les yeux de la propriétaire, et cet événement l’attrista beaucoup ! C’était, me dit-elle alors, une commande du propriétaire-constructeur de l’époque M. R. Smith dont elle était l’exécutrice testamentaire.
Il s’agissait d’un tableau d’environ 75 sur 85,5 centimètres, une huile signée et datée de 1927, représentant, d’après Mme Pemberton-Smith, l’arrivée soit de Jacques Cartier, le découvreur du Canada ; soit de Paul de Chomedey, sieur de Maisonneuve, le fondateur de Montréal. Le tout confirmé timidement de vive voix par Mme Hal-Ross Pérrigard, la veuve de l'artise-peintre.
Au premier plan du tableau se voyait une embarcation avec deux personnages importants accompagnés de trois marins. Le fond du tableau représentait une bande de terre et, au lointain, se voyaient des montagnes. On ne se trouvait pas sur un front de mer mais dans un estuaire.
Au mât le plus rapproché de l’observateur, sur la première caravelle, était accroché un drapeau impossible à identifier. Au second mât, flottait l'actuel drapeau français ! Le drapeau bleu, blanc et rouge est issu de la Révolution de 1789 ! L’erreur était plutôt amusante. Perrigard était certes un artiste-peintre connu et reconnu mais sans doute pas un historien chevronné !
La voile supérieure du premier mât était chargée d’une immense fleur de lys de couleur « azur » (bleu) et la voile du dessous était illustrée d’une croix de « gueules » (rouge) qui ressemblait à une croix de Malte (mais la croix de Malte est en réalité d’« argent » (blanc).
La voile supérieure du second mât de la deuxième caravelle était chargée d’un motif circulaire de couleur indéfinie…
L’habillement des personnages et l’architecture des caravelles évoquaient un événement historique dans le contexte de l’époque de la colonisation française.
Hal-Ross Perrigard habita fort longtemps The Richelieu, appartement 52, et ce fut sa dernière adresse résidentielle, à sa mort survenue le 23 avril 1960. Son frère, médecin, habitait le même immeuble, appartement 25.

Mais qui donc était Hal-Ross Perrigard ?
Né à Sherbrooke le 3 janvier 1891, Hal-Ross Perrigard a étudié avec William Brymmer et Maurice Cullen à The Art Association of Montréal, l’ancêtre de notre Musée des beaux-arts de Montréal mais, à vrai dire, il était plutôt considéré comme un autodidacte.
Il travailla à l’aquarelle, au crayon, à la gouache, à l’huile et au pastel et se fit connaître par de magnifiques paysages de montagnes, des villages enneigés, des natures mortes, des affiches de guerre et des bords de mer. Il peignit aussi des scènes canadiennes historiques et religieuses. On trouvait de ses murales à la gare de chemin de fer Windsor, à Montréal, mais lors d’une toute récente visite, je n’ai rien remarqué !
Hal-Ross Perrigard alla aussi poser son chevalet dans l’est du Québec, dans les Rocheuses, et dans les États du Vermont et du Massachusetts.
Mais la peinture ne nourrissait pas son homme. Hal-Ross Perrigard travailla dans les assurances, dans les journaux – au département de publicité.
Le 21 juin 1917, il épousa, à Sherbrooke, Mlle Pauline Ayer Bradley, née à Sherbrooke le 23 mars 1893 – qui continua d’habiter quelques années le même appartement de l’avenue Claremont, jusqu’à son décès survenu le 5 mai 1973.
En tant qu’artiste, Hal-Ross Perrigard exposa à l’Art Association of Montréal, société déjà mentionnée, de 1913 à 1952 ; ainsi qu’à la Royal Canadian Academy of Arts (dont il était un membre associé), de 1915 à 1952.
Plus prosaïquement, Mme Lucille Pemberton-Smith me confia que c’est lui qui dessina et peignit les magnifiques décorations composées de vasques, de guirlandes et de fleurs aux couleurs si douces que l’on retrouve toujours sur les six étages de l’immeuble The Richelieu du 418 de l’avenue Claremont. En 1987, l’ensemble de ces décorations a été restauré avec grands soins par Mme Christine Sgherri.
Hal-Ross Perrigard fit de nombreuses affiches pour la société de chemin de fer du Canadian Pacific, et bien sûr d’innombrables tableaux : « La gare Windsor » ; « Going Home » ; « La maison Saint-Gabriel en hiver » ; « Près de la rivière Saint-Francis » ; « Près de la rivière Magog » ; et de nombreuses autres encore.
L’amateur d’art retrouvera ses toiles au Musée du Québec, aux Archives nationales du Canada ainsi qu’à la Galerie nationale du Canada, à Ottawa. Ses œuvres circulent toujours chez les antiquaires et les propriétaires de galerie, et elles apparaissent régulièrement dans les catalogues de vente de la maison Empire, à Montréal.

lundi 11 juin 2007

Les canons de Westmount !

L’île de Khéros, en Grèce, eut deux gigantesques canons allemands qui défendaient le détroit de Navarone. Ce fut le sujet d’un film-culte, en 1961, avec, entre autres, David Niven, Grégory Peck et Anthony Quinn : Les canons de Navarone.
Westmount a aussi les siens – ô combien plus modestes et moins agressifs !
De l’avis des flâneurs, il est plutôt inusité de voir deux canons dans le parc public de Westmount, ville paisible à souhait, canons bien ancrés et enchaînés dans le sol, et perpétuellement pointés en direction de la rue Sherbrooke !
Sur l’île de Montréal, on trouve des dizaines de canons devenus inoffensifs mais cependant très décoratifs. La plus grande concentration de ces engins de guerre se retrouve sur l’île Sainte-Hélène.
Deux petits canons ornent encore la porte d’entrée principale de la caserne du régiment Les Fusiliers Mont-Royal, avenue des Pins. Dans le Vieux-Montréal, des tubes de canons fichés dans le sol encerclent la colonne Nelson. Enfin deux canons pointent leur gueule en direction du boulevard René-Lévesque, place du Canada, dans le centre-ville.
À la vérité, nos deux canons de Westmount n’ont jamais rien défendu dans la ville, lors de sa longue période d’autonomie, puis au moment de sa fusion, puis depuis sa reconstitution ! Ces canons ne défendent toujours rien, ne défendront jamais rien, et ne sont là que pour l’embellissement de l’agréable parc, peut-être aussi, pour rattacher le présent au passé.
La couronne murale des armoiries de la ville de Westmount ressemble à une forteresse, mais cette symbolique veut simplement rappeler que la ville est autonome et non pas une ancienne ville ceinte d’épaisses murailles, comme Québec l’est encore. Là-bas, de nombreux canons étaient prêts à toute agression ennemie ! La capitale de la Nouvelle-France en avait bien besoin. Rappelons que de 1628 à 1775, Québec a été attaquée à plusieurs reprises. Quatre fois par les Anglais et une dernière fois par les Américains
À Westmount, des générations de jeunes garçons usèrent leur fond de pantalon en escaladant nos canons. La gueule de ces deux canons est maintenant bourrée non pas de poudre noire mais d’objets hétéroclites introduits par les jeunes pour tester la profondeur des tubes…
Si ces deux canons sont authentiques, leur affût de bois – qui permet le pointage et le déplacement de la pièce à l’aide d’un attelage de chevaux – est de facture relativement récente. Malheureusement, le bois des affûts est détérioré par le temps.

Mais d’où viennent-ils ?
Ces deux canons d’acier forgé (à la fin du XVIIIe siècle, les canons étaient soit de cuivre, soit d’acier forgé) ont été fondus en 1810 et ont peut-être été utilisés lors de batailles contre les armées de Napoléon 1er !
Ces canons semblent être arrivés ici en 1815 et ont été installés dans le parc par la Westmount Lodge Sons of England dans les années 1890.
Si, à Westmount, leur utilisation ne fut jamais militaire, ils servirent au moins à rendre les honneurs en donnant des salves lors d’événements importants, notamment pour souligner les anniversaires de la reine Victoria.
Nos canons ont été officiellement décrits par la Royal Artillery Institution, à Woolwich (Angleterre). Ainsi donc, il se dit que ces pièces d’artillerie, au chargement par la gueule, utilisaient des boulets de 4 livres (environ 2 kilogrammes) et que ce type était régulièrement utilisé entre 1750 et 1860. La gueule a un diamètre de 11,5 centimètres.
En position d’utilisation sur le terrain, leur portée était de 1400 yards (environ 1275 mètres) sous un angle de 4 degrés. La bouche à feu (le tube) mesure 115 centimètres hors-tout, et la culasse possède un trou pour la mise à feu. Enfin, un dispositif à vis permet de régler l’angle de tir du canon.
Sur le tube, on retrouve deux médaillons chiffrés, surmontés de couronnes impériales anglaises, avec la devise : « Honni soit qui mal y pense ».
Ces frères jumeaux sont maintenant bien inoffensifs ! Et sans doute encore pour longtemps. Et des générations de jeunes garçons (et de jeunes filles !) les poliront encore en y usant leur pantalon (et leur robe !). Ces canons continueront d’orner les pelouses verdoyantes de notre parc de Westmount, asile de quiétude, havre de sérénité. Ils sont à voir.

Le collier de cérémonie de la mairesse de Westmount

En France, le premier officier municipal d’une commune (tout comme les députés, commissaires de police et certains officiers civils) affiche le rang de sa fonction lors d’occasions officielles en portant une écharpe tricolore (bleu, blanc et rouge), large bande d’étoffe portée obliquement de l’épaule droite à la hanche gauche ou nouée autour de la taille.
Cette coutume n’existe pas ici, au Québec. Autre pays, autres traditions.

Un peu d’histoire…
Aux temps anciens, c’étaient les chevaliers qui portaient une écharpe aux couleurs de leur dame. Depuis plus de mille ans, les autorités civiques portent un sceau officiel signe de leur autorités. Très souvent, ce sceau représentait les armes de la ville.
À l’origine, ce sceau, réalisé en or, était suspendu au cou de l’autorité. Au fil des ans, cette « décoration » est devenue un collier d’apparat.
Une tradition était née et est suivie non seulement par l’autorité civique d’une ville, mais aussi par des personnalités élues de diverses organisations.

Le collier...
Le « collier du maire » est généralement constitué de plusieurs éléments liés entre eux par des chaînettes, se terminant par un médaillon central. Ce collier est fait en or ou en argent et repose sur un collier de velours qui n’est pas seulement décoratif mais qui apporte un peu de confort au port du collier de métal lui-même.
Lors de la cérémonie de transfert des pouvoirs à un nouveau maire, le collier est symboliquement placé autour du cou du premier magistrat et sera ultérieurement porté uniquement lors de la première réunion du Conseil municipal, lors de cérémonies d’inauguration, lors d’une visite officielle lorsque ladite autorité sera en représentation. Son port symbolise donc les responsabilités, l’autorité et la dignité du porteur. Bien sûr, son utilisation est réservée à des fins cérémonielles.

Terminologie...
Bien des appellations sont utilisées en français pour désigner le collier de l’autorité municipale, parmi lesquelles :
– la chaîne du maire,
– la chaîne d’office du maire,
– le collier d’apparat du maire,
– le collier de cérémonie du maire,
– le collier d’office du maire,
– le collier du maire,
– le collier mairal (île Maurice),
et sans doute d’autres appellations,
Il semble que l’expression correcte consacrée soit « collier du maire ». L’Office de la langue française (OLF) du Québec ne s’est encore jamais penchée sur cette désignation.

Le collier de notre maire...
Le collier du maire de Westmount est fait d’un métal non noble. Sans doute en cuivre, et sans pierreries.
Sa longueur déployée est d’environ 1 mètre 20 et est constitué de 23 médaillons circulaires de 27 millimètres de diamètre dans chacun desquels est gravé le nom d’un maire depuis 1908. Chacun des médaillons est relié par une feuille d’érable (feuille dentée, non stylisée).
Le grand boîtier original noir du collier est doublé à l’intérieur de velours rouge où apparaît le nom du fabricant William Scully, de Montréal. À vrai dire, ce boîtier sort rarement du coffre-fort de la ville où il repose en toute sécurité.
Le médaillon central ne représente pas les armoiries actuelles de la ville de Westmount mais une simple feuille d’érable surmontée d’une couronne murale simplifiée à six créneaux, badge qui a été en usage à Westmount entre 1908 et 1955. Rien à voir avec les armoiries décrites en ces pages (Le / The Westmount Times Magazine, les 12 février 2003 et 1er janvier 2006) représentant les armoiries attribuées par le roi d’armes Lord Lyon, à Édimbourg (Écosse), en 1945, et enregistrées auprès de l’Autorité héraldique du Canada le 15 février 2001, publiées dans la Gazette du Canada le 24 mars 2001.
Le collier lui-même repose sur une bande de velours rouge auquel il est attaché par un fil doré difficile à voir.
D’après l’archiviste de la ville de Westmount, la plus ancienne mention trouvée dudit collier se retrouve dans un procès-verbal daté du 24 janvier 1969.
Malheureusement, la compagnie William Scully, manufacturier d’insignes de cérémonies depuis 1887, ne possède plus les archives qui pourraient nous préciser la date de fabrication ! Dommage pour l’histoire de ce collier de maire. Cependant, la présence de cette feuille d’érable, non stylisée, pourrait faire croire que ce collier est antérieur à 1945. Il pourrait même remonter à 1908 !
Quoi qu’il en soit, nous souhaitons de tout cœur voir plus souvent le maire de Westmount porter ce collier distinctif, symbole de ses responsabilités, de son autorité et de sa dignité.

Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969) architece de réputation mondiale a conçu trois immeubles dans Westmount


À l’est de Westmount, près du Centre commercial Alexis Nihon, se remarquent de grands et sobres immeubles de teinte noire.
L’architecte en est Ludwig Mies van der Rohe (1886-1969). Le saviez-vous ?
Cet architecte de réputation mondiale a ainsi laissé sa marque dans l’espace westmountais.
Le complexe du Westmount Square a été construit entre 1964 et 1967. À Montréal, en cette dernière année de 1967, on inaugura à la fois l’Exposition universelle (EXPO 67), le métro et l’autoroute Décarie.
Le Westmount Square – qui ne peut être appelé en français un « square » mais tout simplement un ensemble d’immeubles, « un complexe » –, a été inauguré le 13 décembre 1967.
À leurs débuts, ces édifices, genre gratte-ciel, ont suscité beaucoup de controverses.
Les caractéristiques de ceux qui nous occupent sont remarquables. Le complexe compte trois élégants édifices (le projet en comptait 4 à l’origine) : deux immeubles d’appartements et un immeubles à bureaux de vingt étages, de forme géométrique, aux lignes perpendiculaires et horizontales, d’acier et de verre, le tout rattaché à la station de métro Atwater, sur la ligne verte, par un couloir de 350 pas d’homme.
Les immeubles en question sont de grandes constructions carrées, reposant sur des colonnes visibles, comme sur des pilotis, et sont complètement vitrés assurant ainsi une grande luminosité intérieure. L’ensemble est sans doute la plus prestigieuse adresse résidentielle et professionnelle de Montréal, le « 1 Westmount Square ».
Dans deux immeubles, tous les appartements sont entièrement climatisés, possèdent des plafonds surélevés et des fenêtres panoramiques qui offrent une vue spectaculaire sur la ville ou sur la montagne ou sur le fleuve. Ce sont de véritables havres de confort, de bien-être et de quiétude.
Au rez-de-chaussée, on trouve une galerie souterraine, avec un marché de fruits et de légumes frais, un bistro, un antiquaire, des galeries d’art, des boutiques de mode, des salons de coiffure, un Centre médical, un maître joaillier, une cordonnerie, la S.A.Q., une tabagie, une banque (royale, bien sûr…), etc. Un village dans la ville.

Quelques notes biographiques…
Ludwig Mies van der Rohe est né en 1886 à Aix-La-Chapelle (Allemagne) et a fait ses classes dans un bureau d’architectes de Berlin d’où il se fit tout de suite remarquer par l’intégration de ses constructions à la vie humaine. Il s’est installé aux États-Unis en 1938 et en est devenu citoyen.
À New York, sur l’avenue du Parc, il est le concepteur, en 1958, du célèbre édifice Seagram, siège social de Joseph E. Seagram & Company Inc., l’un des plus prestigieux gratte-ciel de la « Grosse Pomme ». Cette tour de 38 étages s’élance avec sobriété d’un seul élan vers le ciel.
À Chicago, on lui doit aussi l’Édifice IBM, ainsi que les édifices de l’université de Chicago.
Sur l’Île-des-Sœurs, à la hauteur de Montréal, dans le Saint-Laurent, l’architecte a aussi conçu la station-service ESSO qui passe pratiquement inaperçue des automobilistes.
Ce géant de l’architecture, l’un des pères du « mouvement moderne », est décédé en 1969, à Chicago. Dommage que son nom soit si difficile à mémoriser…
L’influence de Ludwig Mies van der Rohe sur l’architecture du siècle dernier n’a eu d’égale que celles de Frank-Lloyd Wright et de Charles-Édouard Le Corbusier.

Les Amérindiens d'abord, les Westmountais ensuite !

Il y a 109 ans, par une belle journée de la mi-juillet, l’histoire ancienne de Westmount surgissait de ses pelouses !
On découvrit alors des tombes recouvertes de dalles au sommet de « La Petite Montagne » (maintenant le mont de l’ouest par opposition au mont réal – c’est-à-dire « royal »).
Un jardinier, James Quinn, qui creusait dans les pelouses du St. George’s Snowshoe Club découvrit trois squelettes !
Le chef de la police de l’époque, James Harrison, demanda au coroner que les restes soient envoyés pour examen et des spécialistes tirèrent la conclusion que les trois squelettes étaient ceux d’Amérindiens !
Cette découverte fut suivie d’une autre, dans le quadrilatère bordé par The Boulevard, les avenues Argyle, Montrose et Aberdeen.
Un honnête citoyen recueillit même un crâne qui servait aux jeux de quelques garnements.
Puis, un autre jardinier, au fer de bêche heureux, découvrit un squelette de six pieds dans un parterre de fleurs sur l’avenue de l’avenue Montrose, et un autre squelette sur l’avenue Aberdeen…
Ces découvertes suscitèrent un grand intérêt et lorsque d’autres squelettes furent découverts, on se décida enfin à faire des relevés techniques de la position des corps.
Les corps avaient été enterrés avec les genoux repliés sur la poitrine – ce qui n’était pas dans la tradition chrétienne. Les spécialistes conclurent donc que ces tombes étaient antérieures à l’arrivée des Blancs sur ce continent.
Les trouvailles ne s’arrêtèrent pas là.
Le 10 septembre 1898, on mit à jour une nouvelle tombe recouverte d’une pierre. Sous la dalle, un squelette d’un jeune « sauvage*», face contre terre et, encore là, les genoux repliés sur la poitrine.
Cette manière d’inhumation ne correspondait pas aux rites d’inhumation des Amérindiens d’Hochelaga (maintenant Montréal) ni même à ceux qui vivaient sur les berges du Saint-Laurent, bien avant le passage du premier Blanc connu Jacques Cartier, en 1535.
Nos tombes westmountaises étaient donc encore plus anciennes !
Enfin, une semaine plus tard, on fit une dernière découverte : le squelette d’une jeune et frêle Amérindienne reposant auprès d’os d’animaux et un collier de coquillages ! Ce fut le paroxysme des joies de la découverte !
On se rappellera que la ruelle Arlington qui débouche presque en face de l’édifice " Victoria Hall", dans le centre-ville de Westmount, près du parc de Westmount, est une ancienne section d’un chemin très ancien que les Amérindiens empruntaient pour aller jusqu’au fleuve, jusqu’au lac à la Loutre, maintenant complètement disparu.
Rappelons encore que ce qui est maintenant connu sous l’appellation de « Westmount » ne comptait vers 1898 qu’environ 8.000 habitants – alors que nous sommes actuellement 20.003 (recensement officiel de 2006).
Ces découvertes, plutôt surprenantes, révélèrent ainsi l’existence d’un site occupé par une communauté amérindienne, l’une des plus anciennes au nord du Mexique.
Les Amérindiens furent donc les premiers occupants de notre versant sud de la « Petite Montagne » alors recouvert d’épaisses forêts, protégé les vents du Nord, territoire connu par la suite sous les appellations : Village of Notre Dame de Grace, Village of Cote St. Antoine, Town of Cote St. Antoine, Town of Westmount, et… enfin City of Westmount / Ville de Westmount !

* « Sauvage » : Amérindien dans le vocabulaire des Français de la Nouvelle-France, des Canayens et des Canadiens français (Léandre Bergeron).

Guido Nincheri (1885-1973) / Italien de naissance et Westmountais de réputation

L’église Saint-Léon – qui date de 1901 – est un édifice religieux remarquable de la ville de Westmount, au 4311 du boulevard de Maisonneuve Ouest.
Sa visite est hautement recommandée. On y remarquera en effet de nombreuses œuvres d’art : des fresques, du marbre provenant de France, des mosaïques, des boiseries et des sculptures sur du noyer du Honduras, des bronzes, etc. Et un nouvel orgue, inauguré en 1992.
Depuis 1997, l’église est reconnue par le ministère du Patrimoine canadien comme «Lieu historique national ». L’ensemble est une « curiosité » architecturale.
Dans l’histoire de cette église évoquant une église conventuelle italienne, un nom d’artisan-artiste domine incontestablement tous les autres : celui de Guido Nincheri.

Un homme de la Renaissance…
Italien né en Toscane, le 29 septembre 1885, d’une famille aisée, Guido Nincheri est un artiste qui a conçu des fresques et des vitraux dans la tradition des maîtres de la Renaissance italienne.
Il est grand prix de l’Académie des beaux-arts de Florence et possédait un diplôme d’architecte.
Arrivé à Montréal en 1915, spécialiste des scènes bibliques, il a décoré de nombreuses églises d’immenses fresques, de magnifiques vitraux, d’innombrables autres œuvres d’art.
Parmi ses travaux, citons d’abord ceux réalisés pour l’église Saint-Léon de Westmount. Il a aussi travaillé dans plus d’une centaine d’églises, au Québec, en Ontario, dans les Maritimes, en Colombie-Britannique, en Nouvelle-Angleterre.
L’église Saint-Léon, d’une capacité de 800 personnes, est l’église francophone de Westmount. En 1928, le curé de la paroisse de Westmount, l’abbé Oscar Gauthier (curé de 1903 à 1951) fait appel à Guido Nincheri et lui confie la totalité du projet d’embellissement intérieur de son église.
Nincheri non seulement dessinera mais réalisera la plus grande partie de l’ornementation. Il dira plus tard que cette église Saint-Léon de Westmount a été l’œuvre la plus importante de sa vie.
Dans l’un des magnifiques vitraux de l’église de Westmount, l’observateur attentif – et averti ! – reconnaîtra différentes personnalités : Monseigneur Joseph Charbonneau, archevêque de Montréal ; le roi Georges VI et son épouse. Aussi Louis Saint-Laurent, Premier ministre du Canada, et des paroissiens éminents tels les honorables Pierre-François Casgrain et Ernest Audet-Lapointe.
Il est à remarquer que Guido Nincheri est aussi l’auteur des fresques des plafonds du château de style beaux-arts des frères Dufresne, dans l’est de Montréal, près du Parc olympique (les peintures de femmes aux décolletés généreux avaient été badigeonnées pour ne pas offenser les yeux des étudiants qui s’y installèrent ultérieurement…) ; de l’église Notre-Dame de la Défense, dans la Petite Italie, à Montréal. L’une des fresques représentait Benito Mussolini. Pour avoir peint le Duce, Guido Nincheri fut arrêté par la Gendarmerie royale du Canada et interné durant trois mois et accusé de sympathie avec les fascistes – ce qui était loin d’être le cas.
Il est aussi l’auteur des innombrables vitraux de la cathédrale de Trois-Rivières ; des vitraux de l’église Saint-Viateur, à Outremont.
Nincheri mourut à Providence (Rhode Island), le 1er mars 1973 mais a été inhumé au cimetière de la Côte-des-Neiges, à Montréal.

Un maître…
Guido Nincheri a été un maître de la lignée des grands artistes polyvalents de la Renaissance italienne.
Son œuvre, au Canada, est considérée comme très importante, et Montréal le reconnut comme l’un des bâtisseurs de la ville. Encore maintenant, en parlant de lui, on dit : « le Michel-Ange du Canada ».
Enfin, en 1997, le Canada émit un timbre de 45 cents représentant l’un de ses vitraux de la cathédrale de Vancouver.

Les transports en commun de Westmount


Le retour des tramways est-il pour demain ? La ville de Montréal se penche sérieusement sur la question.
Le retour des tramways est à la mode : ils désengorgent la circulation de nos artères et sont un moyen de transport très écologique.

Westmount
Dès la fin du XIXe siècle, les artères de Westmount sont sillonnées par des moyens de transport en commun.
À ses débuts, notre municipalité possédait une fort petite population (1000 habitants en 1885) et était considérée comme loin du centre-ville de Montréal.
Westmount a été la première municipalité à être desservie par les transports en commun en dehors de Montréal.
Dès 1872, un circuit de tramway à traction animale qui partait de Montréal atteignait l’intersection des rues Sherbrooke et Greene. Plus loin, c’était la vaste campagne et ses vergers !
Rappelons que la rue Sainte-Catherine a été prolongée vers l’Ouest en 1887, et la rue Sherbrooke en 1891.
Puis, le circuit fut prolongé jusqu’à la rue Victoria.
La municipalité a bénéficié du service ferroviaire dès 1885, lorsque le Canadian Pacific Railway (C.P.R.) a construit sa ligne de chemin de fer transcontinental. Avant cette date, les résidents de la municipalité devaient marcher jusqu’à la gare de la compagnie Grand Trunk de Saint-Henri, pour aller prendre soit le tramway à chevaux soit le train. Et en soirée, fort souvent, le retour se faisait par des voitures à chevaux…
Sur le territoire de Westmount, le transport en commun par tramway présentait un problème particulier car le terrain était plutôt accidenté et tous les tramways ne pouvaient s’aventurer sur les pentes du « mont de l’Ouest » ! Seuls, les tramways munis d’un moteur puissant pouvaient prétendre fréquenter ce circuit.
Sur la rue Sherbrooke, les trams disparurent vers 1956.
Le tout premier service d’autobus vit le jour le 19 août 1925, écrit l’ingénieur-historien Jacques Pharand.
Les anciennes lignes de tramway dessinent encore sous les chaussées goudronnées une sorte de toile d’araignée de rails d’acier rouillés solidement accrochés à des dormants de bois.
Actuellement, lorsque des travailleurs ont des activités sur les artères de Westmount, ils découvrent avec étonnement (et nostalgie) ce réseau qui vibra au passage des « P’tits chars » (les « Gros chars » étant les trains). Une voiture de tramway pouvait alors peser jusqu’à 42 000 kilos !
Actuellement, la ville est desservie par une seule station de métro : Atwater (ligne orange (Montmorency/Côte-Vertu), inaugurée en 1966, mais les stations Lionel-Groulx et Vendôme sont à quelques pas des limites de la municipalité.


Westmount a été desservie par la traction animale (par voitures à roues, l’été ; par voitures sur patins, l’hiver), aussi par les tramways à traction électrique. Et maintenant par le train, les autobus – énergivores et polluants – et le métro.
Actuellement la ville de Westmount est sillonnée par de nombreuses lignes de bus : 24 – Sherbrooke ; 37 – Jolicœur ; 63 – Girouard ; 66 – The Boulevard ; 90 – Saint-Jacques ; 104 – Cavendish ; 124 – Victoria ; 138 – Notre-Dame-de-Grâce ; et le service de nuit : la ligne 356 – Sainte-Anne-de-Bellevue.
Vendôme est une station intermodale et assure la correspondance du métro avec le train (Montréal/Dorion et Rigaud ; Montréal/Blainville et Saint-Jérôme ; Montréal/Delson et Candiac) et les autobus.
Peut-être, un jour, reviendrons-nous à l’usage des tramways électriques de jadis, entourés d’une forêt de pylônes et de fils aériens qui alimentent ces voitures.
Nombreuses sont les grandes villes européennes qui retournent graduellement à ce mode de transport.

jeudi 24 mai 2007

Biographie de René le Clère


René le Clère est né en France en 1940.
Au Québec depuis 1963, il a passé quatre décennies de sa vie active à servir différentes cultures. Il a participé à l'organisation de nombreux événements culturels, a publié des centaines et des centaines d'articles sur des sujets très divers, notamment sur la République de Haïti, sur le Viêt-Nam.
Certains de ses articles ont été traduits en anglais, vietnamien, hongrois, portugais, et autres langues.
Les article du présent blogue sont consacrés uniquement à la ville de Westmount (Québec, Canada).
René le Clère a été conseiller de nombreuses associations culturelles et sociales tant au Canada, en France qu'aux États-Unis. ll a notamment été secrétaire général de la Société des écrivains canadiens ; secrétaire général du Centre québécois du PEN International ; professeur de langue et de culture fançaises à l'Université diplomatique du Viêt-Nam, à Hanoï ; conseiller linguistique au quotidien Le Courrier du Viêt-Nam, à Hanoï ; conseiller spécial auprès du président de la Fondation Paul-Gérin-Lajoie, à Montréal.
Les gouvernements du Canada et de la France ont reconnu son travail inlassable.
Le Canada lui a attribué la Médaille commémorative du Jubilé de Sa Majesté Élisabeth II ; la Médaille canadienne du maintien de la paix ; ainsi que des Armoiries familiales héréditaires officielles.
La France lui a décerné divers médailles dont la médaille de reconnaissance de la Nation.
Pour services rendus, René le Clère a été élevé au rang de marquis impérial Nguyên-Phuc Minh Quang par le Prince-Régent de la dynastie impériale des Nguyên du Viêt-Nam.