jeudi 4 octobre 2007

L'Hôtel de ville de Westmount : un château écossais !





L’hôtel de ville de Westmount (4333, rue Sherbrooke Ouest) est un très beau monument public qui s’élève dans un quartier uniquement résidentiel. En suivant la rue Sherbrooke en direction de l’Ouest, après l’avenue Greene, l’artère bifurque un peu vers la gauche, abandonnant l’ancien tracé du chemin amérindien de la Côte Saint-Antoine.
En 1874, la communauté locale s’était constituée en corporation sous le nom de « Village de Notre-Dame-de-Grâce ». En 1879, ce nom était transformé en « Village de Côte-Saint-Antoine ». En 1895, la communauté prenait alors le nom de « Ville de Westmount » changé, en 1908, en « City of Westmount ». Enfin, la désignation officielle en français de « Ville de Westmount » date de 1981.
Westmount est dirigée par un Conseil municipal composé d’un maire et de six conseillers élus qui administrent par l’intermédiaire d’un directeur général, non élu, qui est chargé des affaires courantes.
Dans l’histoire, de manière générale, « L'hôtel de ville » est un édifice dont l'apparition correspond au déclin du pouvoir seigneurial et à l'octroi de privilèges aux municipalités. C'est dans cet édifice, construit avec une certaine ostentation, où siège le gouvernement de la cité. Le beffroi ou la tour symbolise le pouvoir.
L’hôtel de ville de Westmount surgit devant vous, légèrement caché par le monument aux morts dont je parlerai une autre fois. L’hôtel de ville s’intègre parfaitement dans un ensemble dont la hauteur ne dépasse pas la hauteur des immeubles environnant plus anciens.
Tout comme le « Victoria Hall », cet édifice public est remarquable, situé sur un terrain de forme irrégulière.
Les architectes en sont le réputé Robert Findlay (1859-1951) et son fils Frank R. qui avait joint le Cabinet d’architectes de son auguste père en 1913.
Robert Findlay a beaucoup contribué à l’image architecturale de Westmount puisque nous lui devons non seulement ce « nouvel » hôtel de ville, la Bibliothèque publique (1898), mais aussi le premier Victoria Hall (1899), le pavillon du parc Murray (1936), et une trentaine de maisons bourgeoises de la municipalité.
Les travaux commencèrent le 19 juillet 1922 et la pierre d'angle inaugurale se trouve sur la droite de la porte d’entrée principale. Elle se lit « THIS·STONE·WAS·LAID / 14TH OCTOBER·A·D·1922 », et renferme des documents sur la municipalité. Elle fut posée par Son Honneur Peter William McLagan, maire de Westmount de 1919 à 1926.


Les architectes choisirent alors le style Tudor, pour le plus grand bonheur de tous. Robert Findlay se rappela sans doute des châteaux écossais médiévaux de son pays d’origine. Il choisit comme matériau la pierre calcaire grise brute pour l’ensemble de l’édifice, et la pierre calcaire pour les effets décoratifs. L’édifice a été construit par l’entrepreneur général Nicholson Construction Co.
L’hôtel de ville a été conçu pour loger les services municipaux et la salle de réunions du Conseil municipal. Il est constitué d’un édifice d’un seul tenant, avec une tour carrée en son centre. On y trouve donc le sous-sol, le rez-de-chaussée, et les combles.
Cette grosse tour carrée, avec une colonne octogonale à chaque angle, se terminant par autant de pinacles, sert de point central. À chaque extrémité de l’édifice se remarquent des avant-corps. La symétrie est parfaite. Trop parfaite !
Sur la façade côté pelouse de cette tour, au somment crénelé, se trouve une horloge d’environ 2 mètres de diamètre.
L’entrée de l’hôtel de ville se trouve au pied de la tour. Elle est précédée de deux magnifiques lampadaires signés « John Watson & Son of Montreal Ltd. », avec des fleurs de lis et des roses héraldiques. Juste au-dessus de la porte est ciselé « CITY HALL ». Quelques fenêtres, certes, mais petites par rapport aux surfaces totales des murs.
Avant d’entrer dans l’édifice, l’observateur découvrira, comme dans le drapeau de la ville de Montréal, les différents symboles héraldiques des peuples fondateurs : la fleur de lis, pour la France ; la rose, pour l’Angleterre ; le chardon, pour l’Écosse ; et le trèfle, pour l’Irlande. Aussi des feuilles d’érable. Aussi deux masques représentant Jean qui rit et Jean qui pleure.
L’édifice a été restauré en 1965. À l’intérieur, rien ne reste des aménagements d’origine.
Sur la pelouse qui se trouve devant l’Hôtel de ville, The Garden Point, flotte à un grand mât le drapeau de la municipalité qui a retrouvé son autonomie le 1er janvier 2005.
Beau, très beau quartier que celui de l’hôtel de ville. Tout près, se trouvent la magnifique église catholique de langue anglaise, l’église The Ascension of Our Lord, et de l’autre côté l’école élémentaire et secondaire The Selwyn House School, édifice érigé à l’origine pour y installer The Westmount Senior High School.
Vraiment, on se croirait sur le campus d’une des universités de The Ivy League, groupe de huit universités privées du nord-est des États-Unis. Le terme Ivy (« lierre ») faisant référence aux lierres qui poussent sur les murs des bâtiments de ces universités - ce qui symbolise leur ancienneté.
L’hôtel de ville de Westmount, lui aussi recouvert partiellement de lierre, ne se visite pas mais on peut toujours essayer de pousser la lourde porte de bois pour voir la salle du Conseil municipal et ses nombreux portraits des maires successifs qui tapissent les murs.

Westmount compte de nombreux édifices religieux :
· du culte adventiste : l’église Adventiste du Septième jour de Westmount ;
· du culte anglican : l’église St. Matthias, l’église St. Stephen, l’église de l’Avent ;
· du culte baptiste : l’église Baptiste de Westmount ;
· du culte catholique romain : l’église Saint-Léon de Westmount (francophone) et l’église de
L'Ascension de Notre Seigneur (anglophone) ;
· du culte de l’Église unie : l’église Dominion Douglas, l’église St. Andrew, l’église du Parc
Westmount ;
· du culte hébraïque : le temple Emanu-El-Beth Sholom et le temple de la congrégation
Shaar Hashomayim ;
· du culte luthérienne : l’église de la Rédemption ;
· du culte orthodoxe : l’église serbe orthodoxe ;
· du culte presbytérien : l’église Melville ; et
· du culte de la Science chrétienne : l’église First Church de Westmount.

L’un des monuments les plus surprenants de notre ville est l’église Baptiste de Westmount, au 411 de l’avenue Roslyn, juste au coin de la rue Sherbrooke (4657 Ouest).
L’édifice, d’un réalisme élégant, est imposant, avec le sens de la mesure. Il est d’inspiration Renaissance grecque.
L’ensemble se donne des airs ! L’architecte en est Sidney Comber qui, en 1922, avait déjà conçu l’église Baptiste, de l’avenue Bernard Ouest, à Outremont.
L’édifice de la rue Sherbrooke, en forme de cube, au parement de briques sombres, possède, dans sa façade symétrique, une seule grande porte d’entrée à deux battants, surmontée d’un mini-fronton. De la rue Sherbrooke, on accède à cette porte par un escalier en pierre de cinq degrés.
Le sommet du « cube » est souligné de deux ceintures superposées de pierre presque blanche.
La façade comporte plusieurs fenêtres, allongées et très étroites.
Sur chaque côté se retrouvent sept fenêtres très hautes et leur point culminant se termine par un arc en plein cintre où les clés de cintre en pierre sont saillantes. À la partie inférieure de la troisième fenêtre, de chaque côté, se trouve une porte d’entrée en pierre de taille sculptée.
Colonnes et fronton, sur la rue Sherbrooke, sont plaqués sur la façade. Les fûts de ces colonnes sont lisses, d’un diamètre qui va en se rétrécissant vers le sommet, composés de six blocs de même hauteur. Chacune des colonnes reposent sur un petit piédestal et les chapiteaux s’inspirent de l’ordre dorique. Pas de chapiteaux sophistiqués.
Ces quatre colonnes sont surmontées d’un fronton triangulaire au tympan lisse. Les trois corniches (horizontale et convergentes), possédant des moulures et des denticules, reposent sur un entablement de pierre de taille.
Admettons que ce genre d’architecture religieuse est plutôt insolite à Westmount par rapport aux autres édifices religieux qu’on y découvre. Bien sûr, pas de clocher, pas de beffroi. Et un toit plat.
La première pelletée de terre a été levée en 1924. La pelle argentée est pieusement conservée dans une armoire vitrée dans l’un des deux salons à l’entrée de l’église. Cette première pelletée a été faite en présence de l’ancien Premier ministre de Grande-Bretagne (1916-1922), le très honorable David Lloyd George (1863-1945), lui-même un ardent Baptiste.
On remarquera la première pierre d’angle, au niveau de la chaussée, à l’Ouest de l’église : « THE / WESTMOUNT BAPTIST / CHURCH / MCMXXIV » (1924). L’église a été consacrée le 7 octobre 1925.
L’intérieur est une vaste salle parallélépipédique fort bien éclairée, très haute de plafond, avec un balcon en amphithéâtre sur les trois côtés de l’édifice. Le mur du fond de la salle est tapissé d’un grand orgue à tuyaux en état de fonctionnement. Cet orgue, construit par le célèbre facteur québécois Casavant, compte 25 jeux, et a été construit à la mémoire des morts de la Première Guerre mondiale. L’intérieur est plutôt dépouillé, à l’exception de quelques écussons héraldiques accrochés à la base des balcons.
L’église vaut un arrêt, surtout le matin, lorsque les rayons du soleil viennent éclairer de plein fouet les hautes colonnes de pierre, aussi le soir, lorsque le soleil couchant vient projeter des ombres